La revanche des littéraires

Et si notre bon vieux web avait tendu la main aux lettres ?

Oui, parce que ma réflexion du moment s'est faite à la suite de quelques lectures ici et là sur le référencement, les métiers dans les réseaux sociaux, et toute cette clique qui zone autour du webmarketing en général. De la veille, on appelle ça. Et comme bien souvent, j'ai glissé un petit commentaire sur un blog. La formule était lâchée : c'est en quelques sortes la revanche des littéraires ... Mais je cause de quoi en écrivant ça ?

Je vous parle d'un temps que les digital natives ne peuvent pas connaître. Hop, on regarde dans le rétro, pendant mes années lycées. Outre le fait que j'ai passé une partie de ma scolarité en Belgique où les sciences ont plus de valeurs que la littérature, je me suis souvent confronté à ce que l'on pourrait appeler une guerre culturelle larvée. Celle des tenants de la science contre la culture. Oui, j'ai passé un baccalauréat en série "L", options arts plastiques de surcroît, et pas peu fier de l'avoir eu avec mention. Et dans ces années là il y avait toujours une brassée de scientifiques dans les couloirs pour vous susurrer à l'oreille que votre filière n'était faite que pour les bons à rien, une escale avant le chômage.

Pire, je me suis orienté ensuite vers mes études dans les sciences humaines, le genre de disciplines qui font une bonne culture avec des débouchés dans l'enseignement ou la recherche, point barre. Là aussi, on vous rabâche que c'est bien beau de savoir faire des jolies phrases, mais ça ne sert à rien. Bon, vous avez saisi le tableau, je n'en rajoute pas dans le décor ?

Après une petite carrière dans la presse écrite où les pigistes ne sont reconnus que s'ils daignent à se plier aux lubies des rédactions, je me suis penché sur un média qui me semblait être la voie royale vers l'émancipation de ceux qui ont envie de dire des choses, à leur manière et avec leur talent. Oui, ça s'appelait alors les autoroutes de l'information et ça sentait bon l'aventure : Internet !

Si je vous raconte tout ça c'est bien pour en venir à notre époque tumultueuse et à son lot de stratégies commerciales par l'usage du verbe. Car oui, le verbe est de retour. Il a toujours été là, planqué dans l'ombre des petits textes des publicitaires dans les encarts des grands quotidiens. Dans quelques formules ici ou là pour des plaquettes, des dépliants, des slogans pour la télé. Depuis l'avènement du web chez tout le monde et surtout des réseaux sociaux, la parole et donc l'écrit s'amplifie. Il y a rudement besoin de gens qui savent écrire. Les petites entreprises comprennent qu'elles vont se faire bouffer sur le web sans stratégie éditoriale, et elles savent aussi qu'Internet c'est la dématérialisation, le e-commerce, une opportunité pour tous les entrepreneurs de se démarquer par son savoir-faire. Si on sait le faire savoir !

Voilà donc où je voulais en venir : l'essentiel de mon activité désormais consiste à écrire, formuler, synthétiser, corriger, rechercher. Je tiens deux blogs, quelques pages Facebook, des campagnes de référencement, un annuaire. La sémantique et l'orthographe d'une part, une petite culture générale, le sens de la formule. Les atouts simples qui se cultivent dans des classes littéraires. Tout simplement.


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