J'ai tué ma mère

Comment est ce possible de s'apercevoir petit à petit en grandissant qu'un gouffre sépare lamentablement sa mère d'un fils ?

Les non-dits, la peur de ne plus être à la hauteur, la peur de décevoir, permettent à Hubert de porter un autre regard que celui d'un enfant sur sa génitrice. Il revendique, provoque, test tout en heurtant celle qui se sent tout à coup impuissante devant tant de haine. Elle subit les affronts dans la colère tout en gardant le recul d'une mère face à son ado de tout juste 16 ans.

Le mépris de son fils entraine la mère à développer et mettre en place ses propres mécanismes de défenses. La confusion amour-haine fait alors sombrer Hubert dans une "crise" d'adolescence qui lui autorise le mensonge, la découverte de la drogue et la fuite. Heureusement, il lui reste l'art et l'amour pour sublimer.

Xavier Dolan n'a alors que 17 ans lorsqu'il écrit le scénario "J'ai tué ma mère". Que le film se déclare autobiographique ou qu'il soit construit de toutes pièces, il n'en reste pas moins une œuvre exutoire à l'impuissance de dire, d'aimer, de choisir sa famille et de vivre ce que l'on souhaite vivre sans avoir peur d'être jugé et tout cela à l'âge de la construction. J'ai tué ma mère aurait pu s'appeler "oser parler". L'œuvre de cette adolescent est complète d'un point de vue psychanalytique, reste à en décoder tous les mots qui, francophones à consonances québécoises, sont parfois difficiles de compréhension pour une oreille française non avisée ...

"J'ai tué ma mère" a remporté le prix Art et Essai remis par la Confédération internationale des cinémas d'art et essai (CICAE), le prix de la Société des auteurs et compositeurs dramatiques (SACD) pour le scénario et le prix "Regards jeunes" pour les longs métrages. Aujourd'hui, c'est dans la cour des grands que l'on retrouve le jeune prodige de 21 ans présentant un film sélectionné dans la section "Un certain regard" du Festival de Cannes : "Les amours imaginaires". Les amours imaginaires a déjà remporté une foule d'applaudissements et de gros éclats de rires lors de sa projection en avant première. Affaire à suivre pour ce jeune réalisateur très explicite.


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