Interview : Charles Aznavour

On vient d'apprendre que Charles Aznavour prépare une chanson sur Mai 68. A contrecourant de l'ambiance morose antisociale, nous en profitons donc (avec ce bel été) pour vous rediffuser une interview exclusive que nous avions eu avec ce géant de la chanson. C'était en 2003.

Plus qu'une interview c'est avec beaucoup d'émotion que l'on rencontre un grand monsieur comme ça... Un peu froid à la base, il s'est vite égayé. Nous avons ri, souri, échangé, vraiment, et lorsque j'y repense, je n'ai pas pour mémoire d'avoir été aussi éblouis par temps de décontraction, de naturelle et de simplicité, c'est un Charles Aznavour en pleine forme que nous avons rencontré, et c'est avec beaucoup de respect et d'humour que assis l'un à côté de l'autre comme si je le connaissais nous avons parcourus l'intégralité de son œuvre.

Un bon papi, aux yeux rieurs lorsqu'il le désir et au regard noir qui sait ce qu'il veut, coup de gueule, éclats de rire...

Monsieur Aznavour, vous avez écrit un livre après avoir écrit plusieurs centaines de chansons...

oui, absolument, mais, je suis probablement avec Charles Trenet celui qui a le catalogue le plus petit, ça tourne à peu prés dans les mêmes chiffres. Même si je ne l'ai pas fait exprès, quoi que mon admiration pour Trenet soit connue, j'ai écrit entre 700 et 750 chansons.

Vous en parlez beaucoup de Charles Trenet dans votre livre...

J'en parle beaucoup parce que Charles Trenet a été un modèle pour moi et cela depuis mon enfance, je l'ai rencontré lorsque j'avais treize ans.

En effet, ce n'est pas nouveau, hein ? Il a été longtemps pour moi, une grande admiration, puis après cela été un modèle, jusqu'au moment où nous sommes devenu très, très amis.

On peut justement découvrir à travers votre livre toutes les rencontres que vous avez effectuées avec de grandes stars, tel que Liza Minnelli ou Edith Piaf, qui était un peu capricieuse d'ailleurs, on le découvre...

Non, pas tellement capricieuse, mais c'était une vedette...Je parle surtout des gens qui mon apporté quelques choses, je ne parle pas de ceux que j'ai côtoyé , rencontré et qui non pas eu cet importance dans ma vie, la plus part des grandes vedettes Américaines , je n'en parle pas, je parle uniquement de ces vedettes qui ont eu une influence sur mon côté artistique, sur mon écriture, et sur le fait que cela m'est poussé à faire une carrière internationale.

Quels sont les artistes qui vous ont le plus influencé ?

Alors, c'est pas difficile : Piaf. : Pour la manière de chanter le drame, j'étais chanteur fantaisiste lorsque j'ai connu Piaf, Trenet pour l'écriture, là c'est incontournable. Et Chevalier, pour la manière dont il a construit sa carrière et dont il l'a menée à travers le monde, car Chevalier reste une valeur Française mondiale, on ne l'a oublié nulle part sauf un peu en France, c'est dommage.

Dans une anecdote vous racontez qu'un jour, Edith vous a fichu dehors, de colère, vous demandant de retourner à quai. Vous avez pris un bateau de retour pour la France et à l'embarquement, une heure plus tard que c'est il passé ?

Elle m'a renvoyé un télégramme me disant que je lui manquais tellement déjà. Mais cela nous est arrivé très souvent avec Edith, car il fallait toujours qu'elle ai raison. Et moi, j'étais un jeune impétueux et un peu imbu de sa jeunesse, alors si je n'était pas d'accord, je lui disais, finalement, c'est certainement pour cela qu'elle m'aimait bien.

Votre livre n'est pas uniquement les mémoires de Charles Aznavour, mais reflète toutes les douleurs, les joies de votre existence, on peut en quelques sortes dire que vous l'avez écrit avec vos tripes.

Oui, un livre de mémoires, d'une personne qui a fait une carrière internationale, donc, qui est quand même importante pour le continent Européen, ce serait un petit peu grosse tête, de dire, j'ai fait ceci, j'ai fait cela, il y avait un millier de personnes a tel endroit, c'était un triomphe, etc....

Ca je ne les pas fait, et je ne saurais pas le faire car je suis un homme pudique et que la plus part du temps lorsque les autres le dises et lorsqu'ils exagèrent, ça m'énerve. Briali : a écrit un très bon livre d'anecdotes, j'ai voulu faire pareil, écrire aussi, pleins d'anecdotes en plus de mes mémoires.

On découvre à l'intérieur de votre livre un album photo, on vous y découvre bébé, même tout nu, la seule photo de vous nu, d'ailleurs...

Oui, parce qu'après je n'aurais pas osé... (éclat de rire...)

On découvre aussi, plein de petites choses totalement inconnu du public, tel que le fait d'avoir usé de la chirurgie esthétique...

Je me suis fait opéré du nez parce que j'avais une bosse dessus, je n'avais aucune raison de le cacher, mes amis s'en seraient rendus compte... :0° Je me suis fait implanter des cheveux à l'avant du front, parce que j'en manquais et je l'ai dit bien avant de le raconter dans mon livre parce que je me suis dit que le public le verrait bien, alors si j'étais appareillé de l'oreille, je le dirais de la même manière, j'ai trouvé tellement ridicule tout ce que l'on a raconté autour du président de la république.

Lorsqu'on ne voit pas bien : on met des lunettes ! Lorsqu' on entend mal : on met un petit appareil, c'est normal... Déjà qu'il est grand et qu'il faut qu'il se penche pour écouter les petits, je ne sais pas si vous voyez....éclats de rire...

Au moins qu'il est la possibilité d'un avoir un. Je précise ne défendre en aucun cas la politique mais le fait que cela soit normal de s'appareiller d'un endroit ou de l'autre. On n'en fait pas tout un plat lorsqu'il s'agit d'un râtelier, ou d'une moumoute...Rire... Il faut juste s'arranger pour être le plus confortable possible.

Si vous vouliez résumer en une phrase votre livre et surtout votre parcours, votre vie ?

J'ai 80 ans et je n'ai pas honte de ma vieillesse et si j'avais une conclusion à donner à ma vie, ce serait : Il faut savoir rire, il faut savoir effacer ses ennuis, non pas les oublier, mais les gommer, et il faut savoir vivre heureux, car vivre heureux c'est vivre vieux.

Interview réalisée par Christelle Moreau


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