Une vraie bonne idée pour réconcilier les communautés ...
Superbe initiative au plat pays qui est le mien : la venue d'un nouveau média web qui va permettre à tous les belgicains de savourer l'actualité, vue de l'autre coté ... Avec un nom qui fleure bon le surréalisme comme on l'aime : Daardaar ! Le projet a été lancé par les camarades Vincent Laborderie, Joyce Azar et David Charlier en partant du principe que ce serait bien, pour une fois, de jeter un œil sur ce qui se raconte de l'autre coté de la frontière linguistique. Les débats qui se font et défont au Nord du pays ont aussi leur importance dans la vie démocratique des Belges francophones. C'est donc une revue de presse traduite avec soin que vous propose Daardaar, pour une lecture éclairée de l'actualité vue des Flandres, un autre regard que celui porté par les dernières heures du soir ... Enfin, je me comprends.
C'est David qui a bien voulu répondre à mes questions sur ce projet démarré le 13 mai 2015 ... Voici donc ses réponses ;
Qui êtes vous et qu'avez vous en commun ?Nous sommes à trois sur le projet. Vincent Laborderie, doctorant à l'UCL m'a contacté vers le milieu de l'année dernière avec cette idée. Il est Français mais passionné par la Belgique et par les questions communautaires. Il a un regard très critique sur ces questions et surtout, sur la manière dont on les traite.
Après quelques semaines de travail, nous avons fais la rencontre de Joyce Azar, journaliste VRT (ex Rtbf) qui s'est tout de suite enthousiasmée pour le projet. Elle est parfaite bilingue, tant au niveau de la langue qu'au niveau culturel, elle nous est d'une aide précieuse. Finalement, moi, David Charlier, récemment diplômé en Sciences Politiques, je revenais tout juste de l'étranger quand Vincent m'a approché. J'ai toujours été intéressé par les questions communautaires, par la question des langues et du nationalisme.
Comment vous est venue cette idée ?L'idée nous est venue quand nous avons réalisé à quel point les médias francophones faisaient peu cas de ce qui se passe et de ce qui se dit en Flandres. Je ne parle pas uniquement d'information flamando-flamande mais de débats qui nous concernent tous (euthanasie, justice, art et culture,etc...).
Dans un grand pays bilingue comme le Canada par exemple, il est tout à fait possible de vivre en autarcie les uns vis-à-vis des autres. En Belgique c'est absurde, nous sommes trop interdépendants, et je ne parle pas uniquement de Bruxelles. Liège, ville d'où je viens, est à 30 minutes de la frontière flamande, la fermeture de Ford Genk concerne les Liégeois comme la fermeture d'Arcelor a concerné les Limbourgeois.
Constatez vous de réelles divergences dans les préoccupations des deux communautés du pays ?Il est très intéressant de lire les dernières études sur la question. On se rend compte que, même si nous votons pour des partis très différents, dont la communication est très différente, nous partageons les mêmes avis sur quantité de sujets. Alors, bien sûr, il y a des différences socio-culturelles qui ont une influence sur les choix politiques mais, pour en revenir précisément à votre question, parler de divergences dans les préoccupations, c'est parler vite et, à titre personnel, je n'en suis pas du tout convaincu. Ceci dit, quand bien même serait-ce le cas, je ne vois pas le problème, la Belgique n'a jamais été un pays connu pour son homogénéité.
Comment choisissez vous les articles à traduire ?Notre critère principal c'est l'originalité. Nous ne voulons pas faire concurrence aux journaux francophones. Pas question de faits divers ou d'actualité déjà traitée dans La Libre Belgique ou Le Soir. Nous choisissons des sujets qui n'apparaissent pas chez nous ou alors, plus rarement, qui sont traités de manière très différente.
À votre connaissance, est ce que la même initiative existe au Nord ?Non. Le projet est unique en son genre. Notez qu'il existe tout de même le service francophone de la VRT (flandreinfo.be) mais ils ne traduisent pas la presse. Si Daardaar décolle comme nous le souhaitons, qui sait, un jour nous pourrions lancer "làlà" comme nous l'a suggéré un follower néerlandophone.
Pourquoi aucun média historique n'a eu cette idée, selon vous ?L'évolution institutionnelle et linguistique de la Belgique a été très rapide et s'y adapter demande du temps, en ce compris pour les médias. Je crois que la crise de 2007 a été un rappel à l'ordre de la nouvelle réalité de notre pays et du fossé culturel et informationnel qui nous séparent. Le succès de la NVA, par exemple, n'a rien eu de surprenant pour qui suivait l'actualité au nord du pays mais la plupart francophones n'en revenaient pas à l'époque et je pense qu'ils n'en reviennent toujours pas, Bart De Wever reste un mystère pour beaucoup.
Merci David ! Vous pourrez ainsi lire dans la langue de Molière des articles issus de grands titres flamands comme Het Laatste Nieuws, Gazet van Antwerpen, ou encore Het Belang Van Limburg ... Parfois, se mettre un peu à la place de l'autre, cette altérité si riche sous ce ciel si bas, ça fait vraiment du bien à la cervelle. Longue vie à ce beau projet à l'esprit hautement citoyen !