Biographie de la faim

Plus le temps passe, plus on a tendance à penser qu'Amélie Nothomb se trimballe une existence fabuleuse, voire plusieurs. Si l'ensemble résonne comme des descriptions intimistes de premier plan, il n'en est pas moins que l'autobiographie y est omniprésente. Alors, quelle est cette faim ?

Celle des affamés. De ceux qui défient continuellement quelque chose ou quelqu'un pour ne jamais rester dans le contentement béat. Biographie de la faim trace les contours d'un passé déjà souvent évoqué, celui d'un Japon aux accents d'Eden perdu et toujours retrouvé. D'une Belgique omniprésente dans son absence de signification. Des déracinements successifs et de la personnification des lieux et des hommes. Mais c'est aussi et surtout l'histoire d'une déracinée qui a sû faire siennes les maisons du monde. D'une enfant avant tout, avec ce soucis savant de nous faire partager les détails d'une vie.

Touchante, cette biographie tend à prendre des atours historiques. Simplement parce que la vie diplomatique de son père aux quatre coins du monde l'y a invité. On y découvre le premier amour sous les traits d'un Japon immuable, les torpeurs de la Chine rouge, la magie de New-York, la faim au Bangladesh.

Avec une écriture ciselée et fantasque, le récit d'une petite enfance pas comme les autres. Pour décor, le monde, les mots et les maux. Pour morale édifiée entre les lignes, l'importance de la mémoire. La mémoire des sentiments. Comme pour montrer l'immensité du sensoriel, ce livre nous invite à dévorer les instants de la vie. Un peu comme une historiographie détaillée à la gloire des sentiments, de la confusion, de la folie peut-être. Au coeur de l'intime, l'auteur nous apporte la plus subjective des visions du monde et de son monde : la sienne.

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